AVANT « Chéri, qu’est ce que je peux faire pour t’aider? Je vais à la boulangerie, croissant ou pain au chocolat? »
APRES « Put***, tu aurais quand même pu penser à…! Je suis crevée, tu restes éveillé la première ou seconde moitié de la nuit pour gérer bébé? »
Cet article participe à l’évènement « l’évolution du couple après la naissance du premier enfant » du blog quatrieme-trimestre.com. Je trouve ce blog très intéressant car il aborde toutes les thématiques d’un moment de vie des femmes trop peu connu et durant lequel les mamans se sentent souvent très seules. J’aime, à ce propos, beaucoup l’article: Parentalité bienveillante : et si la bienveillance commençait par soi-même ?
Le temps du couple…
L’arrivée du premier enfant est souvent source d’un profond déséquilibre pour le couple. L’objet d’amour qui était alors unique va se diversifier et probablement montrer des attentes différentes pour l’un et pour l’autre. Et cela n’a rien à voir avec le fait d’avoir désiré ou non l’enfant. Même une grossesse choisie, ce qui est de nos jours à priori le plus souvent le cas, peut entraîner un cataclysme dans le couple!
Qui n’a pas appelé son amoureux.euse « bébé ». Du « bébé » par-ci, « bébé » par-là. Souvent c’est même le nom sous lequel nous enregistrons le nom de notre bien-aimé.e dans le répertoire de notre téléphone potable.
Chaque mot cache une réalité bien réelle. Je faisais partie de ces femmes qui appelait et se faisait appeler « bébé » dans le couple. Parfois « babe » était une variante en qualité de diminutif de « baby »; vous conviendrez que l’on reste dans le même registre!
Ce terme infantilisant vient parler de la relation entre les adultes qui forment le couple. Il raconte l’histoire de personnes qui prennent soi l’une de l’autre comme l’on prendrait soin d’un nourrisson. On se prépare le repas, se faisons couler un bain, on s’aide à s’habiller « Tu peux m’aider à fermer ma robe s’il te plaît », nous nous soutenons lorsque nous sommes malades, comme nous le ferions avec un vrai bébé… ( je n’ai pas trouvé d’analogie avec le changement de la couche et c’est heureux me semble-t-il!)
Quand on change de bébé… et que 1 + 1 font 3
Une fois passée l’euphorie de l’annonce de la grossesse, le couple commence sa projection dans cette vie de famille à 3. Ceux qui imaginent que la vie continuera tranquillement son petit bonhomme de chemin, que le bébé s’adaptera à leur mode de vie, parce que « après tout, quand on a pris un chien, ça s’est bien passé », ont souvent assez rapidement une belle surprise. Le désenchantement est à la hauteur de l’absence de réalisme dans cette projection.
Le bébé à venir s’immisce entre …
Même physiquement, lorsque le ventre de la future maman s’arrondit, l’enfant se retrouve entre ses parents. Quand il naitra, il pourra se retrouver dans le lit entre eux par exemple. Ha Non! Je ne peux pas écrire ça! Je vais avoir un commentaire négatif de la PMI. (Protection Maternelle et Infantile 😰)
Le bébé à naître prend sa place et commence à créer une distance physique dans le couple.
Distance physique et émotionnelle…
La transformation physique du corps de la femme s’accompagne d’une transformation chimique et émotionnelle forte. Au-delà du fait de ne plus reconnaître le corps de sa femme, monsieur pourra ne plus la reconnaître tout court… « Elle, qui était si….; Enceinte, elle est méconnaissable! » Messieurs, ne vous inquiétez pas, c’est temporaire! D’ailleurs plus le couple se soutiendra et plus courte sera la traversée du désert.
Et sexuellement! On en parle?
La sexualité d’un couple qui attend un enfant est souvent différente pendant cette période. Dans la mesure où il nous faut, mesdames, parfois jusqu’à 1 minute pour passer de la position allongée sur le dos à celle d’allongée sur le côté gauche, je vous laisse imaginer si en plus nous devions nous mettre à quatre pattes… Je vais trop loin là peut-être..
La mobilité diminuée, due à la grossesse, (doux euphémisme) casse quelque peu la dynamique du rapport sexuel. De plus, le psychisme amène les femmes enceintes à se mettre dans une énergie de fermeture afin de garder le bébé « au chaud » dans le creux de leur utérus. (Alors que l’acte sexuel se nourrit d’une énergie d’ouverture.)
Il arrive alors que les rapports sexuels soient de moins en moins fréquents jusqu’à disparaître.
Certaines femmes enceintes vivent au contraire une augmentation importante de leur libido (surtout lors du 2ème trimestre) mais se heurtent parfois au refus de leur homme. Et oui! Les hommes peuvent aussi dire non! Certains hommes craignent de faire mal au bébé pendant l’acte. A mon avis, cela les renvoie aussi à la lutte psychique qui se joue en eux. De la putain à la sainte, comment la vision qu’ils ont de leur femme évolue. Et encore, je n’évoque pas l’allaitement maternel…
Quelque soit l’hypothèse vécue, le bouleversement dans les relations sexuelles ajoute du trouble au déséquilibre du couple.
Le couple sans sexe c’est un peu comme partir en vacances en famille sans télévision, cela oblige à supporter les évènements déstabilisants avec moins d’échappatoires possibles!
Mais qu’est ce qui met tant le couple à l’épreuve?
Dans notre société, bien des couples ont des difficultés à trouver un équilibre satisfaisant et un cadre d’épanouissement pour chacun des deux membres. Le nombre de divorce n’a fait que croître depuis les années 70 pour connaître une légère décroissance depuis 2015.
Les enfants: une cause de disharmonie dans le couple (…)
Si l'on pouvait divorcer de ses enfants, il y aurait moins de divorce de couples!
En observant les personnes qui divorcent dans mon entourage, je me suis souvent fait la remarque que l’un ou l’autre membre du couple divorçait plus de ses enfants que de sa femme ou de son mari. Je m’explique… C’est parfois la vie de famille qui est trop lourde à porter ou encore le rôle de parents dans lequel le conjoint s’est enfermé qui agace profondément l’autre. J’entends d’ailleurs ces mêmes personnes dirent « Depuis que j’ai les enfants 1semaine sur 2, ça va mieux » ou encore « Il va voir ce que ça fait de s’occuper de ses enfants… »
(…) parce qu’à travers eux nous revivons nos propres anciennes blessures!
La relation de couple est un lieu de prédilection pour les blessures du passé. La naissance du premier enfant va faire resurgir les blessures de la petite enfance. Il est estimé que seul un quart de la population a un attachement « désintéressé », c’est à dire sans tendance à l’ambivalence, l’anxiété de la perte du lien ou de la distance, ou l’évitement de l’interaction et de l’intimité.
Dans la mesure où les parents parfaits n'existent pas, les blessures de l'enfance sont inévitables.
Les projections de notre enfant intérieur sur notre enfant et de nos parents sur notre conjoint entrainent une résurgence des manques, blessures affectives et traumatismes, petits ou grands.
Pitié maman, sort de ce corps!!!
C’est ainsi que l’on s’entend dire à son conjoint: « Arrête! on dirait ta mère! » 😱 En général, cette phrase a le don de nous calmer instantanément …
Plus sérieusement, je me souviens avoir vécu cette scène où je ressentais que mon époux parlait à sa mère à travers moi. Sa colère n’était pas dirigée contre la bonne personne selon moi. Je ne suis donc pas entrée dans « le jeu » de la dispute et ai appelé ma belle-mère en lui demandant d’engager la conversation avec mon homme sur le sujet.
Alors, la solution pour préserver son couple? Ne pas faire d'enfant!
Le phénomène « Childfree » ou le fait de ne pas avoir d’enfant par choix!
Le mouvement est né aux Etats-Unis. Le terme a été introduit par le magazine Time en 1972 lors de la création de la National Organization for Non-Parents (NON) qui milite pour la reconnaissance du droit à ne pas enfanter.
En France, un mouvement s’est créé sur les motivations des childfree. Il s’agit des «SEnVol » (les sans-enfants volontaires). Une des membres interrogée pour le magasine NEON distingue une motivation essentielle : l’équation insoluble exigée par notre société dit-elle. D’un côté la liberté, la mobilité, la maîtrise de son destin. De l’autre la formation d’une famille et la stabilité matérielle qui va avec. « Les femmes veulent conserver cette liberté, et elles ont conscience de la charge que suppose d’avoir un enfant. »
L’arrivée du 1er enfant vient déséquilibrer le rapport Amour vs Liberté ou encore Don de soi vs don pour soi.
De mon point de vue, c’est la perte de liberté qui est le plus difficile à gérer à l’arrivée du premier enfant. Même prendre une douche ou manger quand on a faim peut s’avérer d’une complexité infinie. Ajoutez à cela le manque de sommeil qui entraîne une irritabilité proportionnelle à la fatigue, et l’on a un joli cocktail détonnant.
Comment retrouver de la stabilité et un équilibre à 3?
D’expériences, j’identifierai 7 points majeurs:
- Se faire aider quand c’est possible. Les premières semaines sont intenses et l’idéal est d’avoir un groupe de personnes (ami.e.s, famille) qui peut apporter du soutien logistique (faire quelques courses, un brin de ménage, garder bébé pendant que papa et maman partagent 15 min du même repas…)
- Accepter que la vie change du tout au tout! Accepter de changer de rythme (plus lent et plus nocturne 🤪)
- S’autoriser à (re) vivre des blessures émotionnelles passées et les traverser avec des outils ou des thérapeutes.
- Être patient.e avec son.sa conjoint.e qui va traverser et vivre des moments de contradictions.
- Se dire que cela ne va pas durer! Bébé va grandir et le couple va pouvoir reprendre un rythme de croisière. Nous pourrons de nouveau sortir en semaine et boire un bon mojito… Si, si, promis!
- Profiter des bons moments! Tous ces moments où le temps suspend son vol (Lamartine): regarder bébé dormir (c’est tellement merveilleux), sentir sa chaleur lorsque nous le berçons ou le nourrissons, se délecter des premiers sourires de bébé, savourer le regard attendri de nos ascendant.e.s à la présentation de notre progéniture…
- Se souvenir, se rappeler les raisons qui nous ont emmener à stopper notre moyen de contraception. Le couple est la base à partir de laquelle se construit l’enfant. Même si j’ai dit plus haut que le parent parfait n’existe pas, offrons à notre enfant le meilleur socle pour grandir et s’épanouir.
Notre plus grande responsabilité de parents est d’être heureux personnellement puis dans notre couple! Puisque les professionnels de la petite enfance disent que nous sommes l’appareil à penser de nos tout-petits, offrons-leur des pensées d’amour, de soutien mutuel et de respect de soi.
A l’heure où j’écris ces lignes…
Mon mari et moi avons construit une famille de 3 enfants avec, à la base, un couple solide. L’arrivée de notre premier enfant, en 2009, m’a profondément chamboulée! Tous les manques, angoisses, peurs de mon enfant intérieur sont ressortis et se sont exprimés à la puissance 1000. J’ai été profondément déstabilisée!
Pour autant mon couple a (sur)vécu car mon amoureux a su être patient dans la gestion de mes contradictions et m’a soutenu invariablement car il ne prenait pas mes reproches personnellement!
Je dois préciser qu’à mon sens nous avions un bon terreau de départ dans la mesure où:
- mon homme et moi étions en couple depuis 12 ans (nous nous sommes rencontrés à la sortie de l’adolescence),
- nous nous connaissions très bien et avions déjà surmontés des crises,
- nous avions l’un et l’autre su créer une vie en dehors de notre couple pour casser tout lien de dépendance et alimenter une relation saine.
La connaissance dans le couple sera à l’origine de la co-naissance d’un père et d’une mère.
Pour peu que l’on accepte les conditions du challenge, mettre au monde un enfant, c’est grandir personnellement et offrir à notre couple une meilleure version de soi-même.
D’amants à parents, notre premier enfant nous éduque tout autant que nous lui apprenons à grandir.
Merci ! Article super intéressant. Des tips à mettre en pratique rapidement.
Merci Pepouf!
Coucou Sonnya !
Merci pour cet article. Ton partage d’expérience et tes conseils précieux en fin d’article sont super et aideront je suis sûre beaucoup de parents.
Merci Julia! J’avais en effet à coeur de pouvoir être aidante pour ceux et celles qui sont amené.e.s à vivre cette expérience.
Superbe article !
En effet, on se pose souvent des questions avant l’arrivée du premier. Bien souvent l’expérience nous apporte des réponses totalement différentes. Et la plupart du temps, par manque de recul sur soi-même et sur la situation, on subit.
Tes conseils sont précieux pour mieux appréhender cette période cruciale dans le couple. Merci à toi.
Merci 1000 fois Jung! Je sui tellement d’accord avec toi quand tu précises que l’expérience d’avoir un enfant nous apporte des réponses bien différentes. Avant d’avoir des enfants on a des principes, et après… on a des enfants!
Excellent article… ça sent le vécu 😉
J’ajouterai que la communication (non violente) entre les Parents est une clé majeure : exprimer ses émotions et écouter celles des autres… sans le juger autant que possible
Merci Valentine! Oui, la communication non violente est un bel outil au service du couple. une idée de prochain article…
Superbe article. C’est sur que des bases solides sont une des clefs pour affronter cette tornade.
Scmilou, je suis heureuse que tu qualifies cet évènement de tornade. Je trouve le terme bien à propos! Bises
Merci pour ce bel article. J’aime beaucoup la façon que tu as de remettre dans le contexte la femme à travers l’histoire et le couple. Félicitations pour ta belle famille.
Merci pour tout Florie!