Je suis interpellée par ce défi, car j’ai toujours considéré le fait de manger comme une activité accessoire plutôt que comme une activité principale.
Même le fait de cuisiner, pour moi, se fait entre-coupé d’une autre activité:
Cuisiner & Lire un livre,
Cuisiner & Ranger la maison,
Cuisiner & Travailler sur un dossier.
Jusque tard, j’ai toujours privilégié la multi-activité.
Le défi du jour consiste à manger sans ne rien faire d’autre en même temps. C’est à dire, ni parler, ni lire, ni regarder la télévision ou écouter la radio, ni même avec son cahier du défi des 100 jours pour une alimentation consciente sous les yeux.
La multi tâche que je suis, a toujours privilégié le fait de faire plusieurs choses en même temps, avec une idée de puissante efficacité.
Je ne soutiendrai pas le mythe de le femme qui sait/peut faire plusieurs choses à la fois contrairement aux hommes. Non, non et non! Et si cette illusion peut perdurer c’est parce que nous confondons efficacité et efficience.
La multi-activité: Efficacité peut être, efficience certainement pas!
L’efficacité est le fait d’atteindre un résultat. L’efficience est le fait d’atteindre un résultat eu égard aux moyens mobilisés pour l’atteindre. Cela change tout…
J’ai alors décidé de cultiver mon côté masculin 😉 et de renoncer à devenir Shiva … il me manque de toutes les façons, physiquement des attributs, et oui je n’ai que 2 bras et 2 mains…
J’en suis d’autant plus convaincue depuis la lecture d’études dont je vous retrace un résumé dans un article de Challenges.
Réaliser plusieurs tâches décisives " en même temps " est neurologiquement impossible car les zones du cerveau qui contrôlent l'exécution des tâches fonctionnent alors en série, employant de nombreux réseaux qui se concurrencent entre eux. De manière séquentielle, votre système nerveux alterne tellement rapidement (1/10 de seconde) entre ces différentes actions que vous avez subjectivement l'illusion de simultanéité. Pourtant, les mener " en parallèle " abaisse votre performance globale de 20 à 50%, rallonge leur temps de réalisation de 30% à 200%, démultiplie le nombre d'erreurs réalisées, et provoque un épuisement mental intense et durable.
Sans rentrer ici dans les détails de fonctionnement du cortex pré-frontal et des noyaux gris centraux que les neuroscientifiques découvrent un peu plus chaque jour, sachez que votre cerveau, " accro " au multitâche comme au sucre, à la nouveauté ou aux écrans, vous donne une sensation agréable de maîtrise et de puissance à coups de dopamine, alors qu'en fait toutes vos capacités chutent considérablement sans que vous ne vous en rendiez compte : votre concentration, la hiérarchisation et la pondération des informations perçues, votre mémoire de travail, votre recul face à des tentatives de persuasion, la fiabilité de vos prises de décision et votre flexibilité pour agir... Votre âge - que vous soyez un " digital native " ou un dirigeant qui a connu le téléphone filaire, votre genre et l'entraînement au " jonglage " ne changent rien, ce dernier point faisant même empirer la situation ! Le lien ici vers l'article complet.
Donc, j’ai appris, j’ai ramolli cette croyance selon laquelle il fallait remplir chaque micro seconde que nous offre la Vie en multipliant les tâches illusoirement simultanées.
J’ai donc été plutôt contente de m’autoriser à manger sans ne rien faire d’autre et notamment manger seule, dans le silence, en me concentrant sur ce que je mange uniquement.
Il est aussi préconisé, dans le défi du jour, de mastiquer 20 à 30 fois chaque bouchée.
Evidement ce processus facilite la digestion puisque l’estomac a moins de travail à faire. Nous avons alors aussi toutes les chances de passer à côté du coup de barre de 13h30 – 14h00.
Quand j’ai eu mon premier enfant et que j’ai du gagner en efficience pour concilier vie de maman et vie de directrice générale, j’ai beaucoup étudié les règles de gestion du temps et du respect du rythme chrono -biologique pour adapter les tâches que je réalise au niveau d’énergie corporelle disponible pour le faire.
Le fait de manger seule, en ne faisant rien d’autre en même temps, m’apprend que je combats l’alcalose post prandiale, phénomène bien connu de somnolence suivant le déjeuner.